Nous poursuivons notre marche en remontant vers le Nord. Nous sommes proche de la mer et de nombreuses colonies de sternes arctiques (sorte de grosses hirondelles de mer) occupent le rivage. La sterne est un oiseau qui défend farouchement sa nidification. Aussi notre présence à proximité des nids déclenche-t'elle une certaine velléité offensive de la part de ces volatiles. Mika nous recommande alors de tenir un de nos bâtons de marche au-dessus de notre tête, car la sterne pique sur le point le plus haut de sa victime....nous voici donc protégé le temps de nous éloigner des colonies.
Nous abordons les premiers névés, amusés de voir nos nouveaux compagnons à quatre pattes courir comme des fous et s'amuser dans la neige (qui semble visiblement être leur élément de prédilection). Le soleil a décliné vers l'ouest et la journée est bien avancée. Il est l'heure de se mettre en quête d'un endroit pour établir notre premier bivouac en terre de Liverpool. La côte est constituée de landes de pierres s'étendant à perte de vue, mais nous arrivons à trouver néanmoins un emplacement parsemé de végétation rase à proximité d'une petite bute qui nous abritera du vent venant de la mer. Nous disposons au total de cinq tentes (trois tentes de deux places et deux tentes individuelles). Elles sont relativement spacieuses et munies d' une grande abside. Nous nous répartissons en binômes: Guillaume et Albertine (les amoureux), Malik et Serge (le suisse et le belge), Xavier et moi (les deux pyrénéens); Eric et Mika occuperont les deux tentes individuelles. Le campement est enfin monté, et nous nous affairons pour préparer le repas du soir qui sera constitué (comme tous les soirs) d'une soupe, d'un plat lyophilisé, et d'un succulent Charavin (du nom de notre guide, grand chef pâtissier. Le Charavin est un gâteau de forme aplatie qui se décline en toute sorte de saveurs, et qui nécessite avant d' être servi, d'être bien tassé au fond du sac pendant une journée, ou bien d' être utilisé comme oreiller dans un duvet). Nous puisons l'eau près des névés et nous la faisons bouillir grâce à deux puissants réchauds à pétrole. Le repas du soir est l'occasion de parler de grands sujets d'actualités (qui nous occuperont une longue partie du trek) tels que les différentes spécialités culinaires françaises, ou encore (et c'était un sujet cher à Malik ) la fondue quatre fromages lyophilisée (essayez donc de faire avaler de la fondue en poudre à un suisse...). Ce que l'on peut dire, pour terminer sur les repas, et vous l'aurez compris, c'est que la bonne humeur était de mise.
La première ''nuit'' se passera sans encombre (difficile de trouver un autre mot, car il n'y a pas de nuit ici en été), malgré cet épisode avec les chiens. Vers 3h du matin, alors que le soleil brille déjà de manière significative, Xavier et moi sommes réveillés par des aboiements. C'est étrange comme dans ces situations, le cerveau se met à fantasmer sur ce qui nous fait le plus peur....bon sang un ours!!!!!!!!!!! Avec Xavier on commence à avoir tout un tas de pensées les plus irrationnelles les unes que les autres. Finalement, je décide d'en avoir le coeur net. Je prend mon stylo lance-fusée en l'ayant préalablement armé, dézippe l'entrée de la tente, et passe ma tête à l'extérieur. Je vois ''le boiteux'' debout qui regarde dans ma direction et les autres chiens toujours endormis, mais pas d'ours à l'horizon. Je reviens dans la tente, rassuré et me rendormirai presque aussitôt (Xavier me fera remarquer le lendemain, que je n'ai pas regardé derrière la tente...). Mika, qui aura eu le même réflexe que moi, me dira lui aussi n'avoir rien vu mais que le chien a probablement senti quelque chose.
Le lendemain, après un bon petit déjeuner composé de céréales , de café et de lait en poudre, nous reprenons notre progressions, toujours en remontant la côte vers le Nord...