Nous arrivons à Ittoqqortoormiit en fin de matinée. Les chiens nous ont suivi, excepté un des deux jeunes qui a stoppé net à l'entrée du village où étaient attachées plusieurs meutes. Nos sacs ont été vidés et notre matériel est resté sous les tentes, ceci afin de pouvoir rapporter les rations pour la deuxième semaine de trek. Aujourd'hui, pour la première fois depuis notre arrivée, le temps est maussade. Le soleil a disparu sous d'épais nuages gris. Ce qui en somme, nous importe peu puisqu'il s'agit de notre journée de repos. Alors que Mika nous quitte pour essayer de retrouver le propriétaire des chiens, nous nous dirigeons vers l'office de tourisme pour demander où se trouve Jenifer (la gérante de la guesthouse) et voir s'il est possible d'utiliser la douche en même temps que nous récupérons nos rations entreposées dans l'une des chambres.
Dans le village règne une effervescence inhabituelle. Tout le monde est dehors et de nombreux quads sillonent les rues qui semblaient si désertes le jour de notre arrivée. Depuis les hauteurs du village nous apercevons rapidement la cause de cette ébullition. L' Arctica Arina a jeté l'ancre dans la baie d' ittoqqortoormiit. Cet énorme porte-conteneurs de la Royal Arctic Line était attendu depuis plusieurs semaines. Il apporte le premier des deux ravitaillements annuels (nourriture, boissons, produits frais, vêtements, électroménager, équipements diverses....) qui viendront garnir les rayons du supermarché.
Nous parvenons à contacter Jenifer qui vient nous remettre les clés de la guesthouse, et avec qui nous négocions l'utilisation de la douche et du coin cuisine pour la journée moyennant quelques Couronnes Danoises. Ce jour de repos sera consacré à: prendre une douche, faire la lessive, et bien entendu prendre un repas digne des grands jours avec, pour compléter nos habituels fromages et charcuteries du midi, un assortiment de délicieux biscuits que nous avions finement repérés dans les cartons expédiés de France (le tout dans une ambiance très ''dimanche en famille''). L'après-midi, Malik, Serge, Eric, Xavier et moi décidons de retourner au centre du village, pour suivre le déroulement des opérations de débarquement des énormes conteneurs que l'Arctica Arina décharge à l'aide de ses deux grues sur une barge qui fait les allés-retours entre le cargo et la terre ferme. Une fois déposés, un incessant balai de transpalettes se met en place entre le conteneur et le hangar de stockage du supermarché.
Devant le magasin, les villageois se pressent dans une cohue stupéfiante. Les visages sont radieux, les enfants arborent comme un trophée leur batonnet de glace, ou leur cannette de soda qu'il viennent juste d'acheter et qu'ils consomment aussitôt. Un vrai Noël en plein mois de Juillet! A l'intérieur du supermarché, les rayons se vident au fur et à mesure que les magasiniers, débordés, les achalandent! Un situation insolite. Nous ressortons du magasin, un peu désorienté par ce mouvement de foule. Dehors Mika est en discussions avec un Inuit assis sur son quad: le propriétaire des chiens. Il a récupéré trois de ses chiens et nous demande dans un anglais approximatif où est le jeune. Nous lui indiquons qu'il est resté au campement et n'a pas voulu nous suivre au village. Après lui avoir fourni notre position, tout en précisant que nous levons le camps le lendemain matin vers 9h, il nous affirme qu'il viendra le chercher (Mais nous apprendrons que les indications de temps ici, n'ont guère de valeur).
Le soir venu, nous reprenons le chemin de la ''plage'' et gagnons le campement. La journée de repos touche dèjà à son terme. Une semaine se termine, une autre commence...nos regards sont déjà tournés au loin vers ces sommets et ces glaciers dont nous avions eu un aperçu quelques jours auparavant. Demain, nous partons rejoindre les hautes cimes. Demain, nous nous enfonçons au coeur du massif des montagnes du Liverpool.